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25 janvier 2009

Le cimetière des réformes morales

Le cimetière des réformes morales

510RNQNF0RL__SS500_"Depuis deux décennies, le monde des affaires gesticule sur des énoncés éthiques et des professions  de foi morales. Les services de communication des entreprises s’activent à la rédaction de codes de conduite et de bottins de « bonnes pratiques ». Chaque saison, se répand la rumeur que l’économie entre dans l’ère de la vertu. Et chaque fois, cela est fait dans l’empressement, la grande proclamation qui rendent en réalité suspect ce vent de réforme morale. Déjà, le Président Roosevelt annonça en son temps le New Deal pour contrer l’enrichissement des spéculateurs et des personnes sans mérite. « Le New Deal avait un objectif social et moral que personne ne peut contester. Le tout est de voir si, et dans quelle mesure, il était compatible avec les possibilités économiques… Morale efficacité, ces deux objectifs permanents de toute politique économique, nombreux sont les politiques qui refusent de voir la divergence de leurs résultats et la nécessité de les concilier », constatait Alfred Sauvy. (De la rumeur à l’Histoire, Dunod). En France, concernant ce sujet, nous avons l’impression d’être au même point, sur la même ligne du départ et dans une course immobile. Le Medef et l’association française des entreprises privées ont fait plancher pour la troisième fois depuis 1995 un groupe de réflexion qui a proposé timidement quelques recommandations, mesurées, visant surtout à développer la présence des administrateurs indépendants dans les conseils d’administration et à mieux encadrer les stock-options. On ne peut pas faire moins quand on sait que de nombreux conseils d’administration sont devenus des chambres d’enregistrement contrôlées par des réseaux d’influence et de cooptation : une trentaine de patrons ou anciens patrons cumulent plus de 160 mandats d’administrateurs dans des conseils de grandes entreprises. La vraie reforme de certaines pratiques se fait attendre. Une grande partie de l’histoire de l’économie est un cimetière des réformes morales, non appliquées, sans cesse compromises. Le marché voudrait gérer la morale comme s’il s’agissait d’un placement boursier ou d’une stratégie publicitaire. Face à un scandale, on s’empresse de corriger les codes périmés et on met en place de nouvelles règles dites éthiques. Mais on oublie peut-être le fond : l’économie n’est pas l’essentiel de la vraie quête d’une vie individuelle ou collective. Et encore, cette économie qui n’est qu’une sous-discipline de l’ensemble des activités humaines ne doit-elle pas se doter une fois pour toutes d’une réflexion morale basée sur un véritable ressourcement ? Ce ressourcement doit faire appel à l’humanisme et à la civilisation qui ont souvent empêché le pire de se produire. Ce ressourcement éthique est le seul à réhabiliter une réflexion morale sur les finalités de la condition humaine qui ne sont pas seulement la propriété de l’économie et encore moins de la société de consommation."

(Extrait de l’ouvrage Le Nouveau Consommateur, Ezzedine El Mestiri, éditions l’Harmattan, 2002)

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