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18 janvier 2009

La viticulture biodynamique

Reportage : La viticulture biodynamique

Par Vivian Song ( Le Journal de Montréal 11 janvier 2009) 

Vin_bioChez le vignoble Southbrook, établi dans la vallée du Niagara en Ontario, les vignes sont gentiment éveillées de leur sommeil matinal par une douche minérale enivrante. Une buée de quartz moulu et d'eau est vaporisée dans l'air pour «activer les forces énergétiques de l'atmosphère», qui se déposeront par la suite sur les vignes. Des cornes remplies de fumier de mouton ou de vache sont enterrées sous terre pour faire du compost et stimuler l'activité microbiologique. Le temps de la récolte et de l'émondage est dicté par les forces célestes tels les cycles lunaires et l'équinoxe. Voilà les principes de la viticulture biodynamique, une philosophie vieille de près d'un siècle qui prêche pour une approche écologique et pseudo-spirituelle de la viticulture et qui va au-delà de l'agriculture biologique.  Le vignoble Southbrook Vineyard est le premier au Canada à avoir obtenu la certification agricole biodynamique, accordée par l'organisme international Demeter. Cette philosophie a été conçue par Rudolf Steiner, qui avait donné en 1924 une série de conférences sur l'agriculture holistique - une exploitation agricole qui fonctionne en symbiose avec l'écologie, la spiritualité et les énergies de la nature.

D'après lui, les fermes devaient être autosuffisantes et tout ce qui était utilisé sur la ferme devait être trouvé sur la ferme. «La science ne tient pas toujours compte de la complexité des forces et de l'énergie qui existent dans l'environnement», soutient Ann Sperling, directrice de la vinification au vignoble Southbrook. «L'agriculture biodynamique prend en considération les forces non quantifiées par la science.»  Même si l'agriculture biodynamique a été taxée de mysticisme, les vignerons allèguent que le vin produit selon cette méthode est plus «floral» et a un goût plus vivant. Selon Ellen Keleher, consultante pour LCBO, le détaillant de boissons alcooliques ontarien, l'intérêt pour les vins, les bières et les spiritueux biologiques s'est accru à la faveur de l'engouement actuel pour l'agriculture biologique. «Les consommateurs adoptent des modes de vie plus sains. Ils mangent des aliments biologiques et veulent accompagner leurs mets de vins biologiques.» Pourtant, seuls une poignée de vignobles canadiens sont certifiés biologiques. En Ontario, les vignobles Southbrook et Frogpond Farms sont les seuls à pouvoir revendiquer ce titre. Et les étiquettes indiquant «Fait avec des raisins biologiques» ne signifient pas que les vins sont biologiques, d'après Mme Keleher. «Les vignes peuvent être biologiques, mais pas nécessairement tous les procédés du vignoble», avertit-elle.  Pour être certifié biologique, le vignoble doit également utiliser des agents naturels pour l'entretien des vignes (comme l'ozone, par exemple) et le raffinement du vin - procédé effectué à l'aide d'ingrédients qui réduisent l'amertume, l'astringence et les arômes.

Même si le vignoble ontarien Tawse Winery cultive du raisin biologique, par exemple, il n'est pas considéré comme biologique. Bien qu'il ne soit pas non plus certifié biodynamique, ses vignerons ont adopté des méthodes biodynamiques qui stimulent la croissance des plants.  «Rudolf Steiner était un leader spirituel à son époque», soutient Brad Gowland, exploitant du vignoble. «Il se fiait aux calendriers lunaires et astrologiques, croyant que les astres avaient une grande influence sur les plantes, les animaux et les humains. Nous n'allons pas aussi loin que ça, mais nous sommes conscients que les cycles lunaires ont une réelle influence sur les espèces vivantes.»

Bière plus verte : Par ailleurs, la brasserie Crannog Ales à Sorrento, en Colombie-Britannique, l'unique microbrasserie canadienne à avoir obtenu la certification biologique, produit également une bière plus verte que la bière biologique conventionnelle. Selon le copropriétaire de l'établissement, Brian Maclsaac, la microbrasserie ne génère aucun déchet, et la bière n'est disponible qu'en pression dans des petits barils de bière en fût afin de réduire l'usage des bouteilles.  «Nous savons que le recyclage existe, mais nous n'y croyons pas», dit M. Maclsaac. La levure et les grains utilisés dans le processus de fabrication de la bière servent à nourrir leurs porcs ou à faire du compost. Les eaux usées sont réutilisées pour arroser le bétail et les jardins. Les brasseurs cultivent leur propre houblon et ont trouvé dans les environs quelqu'un qui fabrique de l'orge malté. Et contrairement à la plupart des producteurs, le modèle d'affaires de M. Malsaac est contre-intuitif. Il n'a que 60 clients et n'en veut pas davantage.  «Notre modèle d'affaires n'est pas basé sur la croissance, mais sur la viabilité. Nous avons suffisamment de clients comme cela. Ça peut paraître étrange à dire, mais nous ne voulons pas accroître notre empreinte écologique. Nous voulons simplement jouir de ce que nous avons plutôt que de devenir une grande entreprise.»

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