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nouveau consommateur
14 septembre 2009

Robert Lion

Robert_Lion

Robert Lion : « Les modèles de consommation ne changent que sous la pression du citoyen-consommateur ».

Elu le 22 novembre dernier à la présidence du conseil d’administration de Greenpeace France, Robert Lion, ancien directeur général de la Caisse des dépôts et président d’Agrisud International, croit fermement en l’acteur-citoyen. Propos recueillis par Stéphanie Vialfont

Quel bilan tirez-vous depuis votre prise de fonctions il y a six mois ?

Je savais l'expertise et l'efficacité de Greenpeace depuis longtemps, mais j’ai une meilleure connaissance de cette grande organisation. Je l’ai rejointe pour y prendre les responsabilités que ses élus me proposaient. Greenpeace a ce grand mérite d'avoir beaucoup contribué à rendre l’opinion publique plus sensible et plus consciente, à l'échelle mondiale, en termes d'environnement. A  la Caisse des dépôts, vous avez conduit des réformes, successives et rapides. A la Caisse des dépôts, j'étais le directeur général, avec de larges pouvoirs. Ici, je suis "seulement" le président d'un conseil qui surveille, appuie et, éventuellement, sanctionne, le responsable exécutif de l'organisation en France, dont le directeur général est Pascal Husting.

Que pensez-vous faire au sein de Greenpeace ?

Greenpeace a sa manière originale de fonctionner, toujours dans la non-violence, en appelant vigoureusement l’attention des citoyens, et par conséquent celle des pouvoirs publics, sur les mauvaises conduites écologiques de certains acteurs. Plus largement, il s’agit de rendre le public plus conscient de la gravité de la crise écologique et de l’inviter à être acteur, c'est-à-dire de contribuer à la réponse à cette grande menace.

En tant que membre de l’Alliance pour la Planète, et par rapport au Grenelle de l’environnement que l’on critique pour sa lenteur, comment Greenpeace compte-t-elle pouvoir modifier le cours des choses ?

Je regrette que la mise en application du Grenelle de l'environnement n'ait pas suivi les calendriers annoncés par le Président de la République. Compte tenu de l'aggravation des crises multiples qui sont à l’œuvre à travers la planète, il faudrait rendre plus ambitieuses les réformes prévues en 2007 et en accélérer l’application. Il est fort dommage que, dans les plans de relance successifs, l'évolution déterminée vers un modèle de société plus sobre ait pour le moment été passée à la trappe.

Car toutes les crises sont liées, crise économique et financière, crise alimentaire, crise des ressources, notamment énergétiques, alimentaires, crise de l'eau, pauvreté aggravée dans certains pays… Et puis la grande crise écologique, avec les enjeux climatiques ainsi que pour la biodiversité que l'on connaît. Tout cela se tient. Le facteur commun, c’est la mondialisation et le résultat, c’est une grande souffrance pour des milliards d'êtres humains, surtout parmi les plus démunis. C’est une erreur de se centrer sur les retouches techniques de mécanismes financiers, comme l'a fait le G20. La crise économique devrait être l'occasion de faire un pas en avant vers un autre modèle de société.

Comment voyez-vous l’écologie dans les 10 années à venir ?

La réponse à la crise écologique ne se fera pas principalement par la loi. Bien plus que les pouvoirs publics, les citoyens et les consommateurs ont un rôle décisif à jouer. Je crois à l’effet de levier, qui est aux mains du consommateur, sur l’entreprise de production, ou de distribution. Je crois à l'utilité d'une bonne information du consommateur sur l’empreinte écologique des services qu’il achète. Je crois à sa mobilisation. Les modèles de consommation ne changent que sous la pression du citoyen-consommateur. Je crois aussi à la responsabilité sociale et environnementale (RSE) de l'entreprise. C'est une dialectique féconde qui s'engage entre celle-ci et ses clients. Ceux-ci sont plus souvent, et malgré les formidables résistances des lobbies économiques, appuyés par les pouvoirs publics. Et pas seulement, désormais, dans les économies occidentales : quand il y a en Chine du lait toxique, l'opinion sait le faire savoir, et l'Etat intervient.

La force universelle du consommateur  requiert à la fois du courage et une bonne information, par exemple, sur les liens entre santé et environnement. A chacun de nous de jouer, quotidiennement : « J’ai un rôle à jouer. J’ai à faire ma part du colibri », comme le dit Pierre Rhabi. Ainsi, peut-être conjurerons-nous la menace historique sans précédent qui pèse sur l'espèce humaine.

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